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Itinéris, j'te capte plus

Gary Jean • avr. 18, 2023

Temps de lecture (sans la vidéo) : 4mn


Un ami a récemment essayé l’hypnose près de chez lui et n’a rien ressenti. Il me dit qu’il fait donc partie des 10 % qui ne sont pas réceptifs… Rhââââââ … mais nooooooon !!! C’est ton hypnotiseur qui n’a pas été bon, c’est pas toi mon poto. Et ça arrive à tous les hypnotiseurs de pas trouvé la bonne approche. C’est souvent en spectacle (voir la vidéo de Johnatan Cohen qui suit), quelques fois en accompagnement (de moins en moins avec l’expérience normalement)

Débriefing de la vidéo en fin de l'article.


« Je ne suis pas réceptif », « je suis résistant », et si ce n'était que des croyances, de plus, imposées par les autres? Mais C’EST HYPER VIOLENT comme croyance. La même violence que de s'entendre dire enfant « toi t’as pas d’imagination », « de toute façon, ça c'est pas ton truc », « toi tu as toujours chanté faux » ou toute autre prophétie défaitiste.

Ne nous laissons pas enfermer dans des cases au risque d’y croire nous même.


  • Je ne suis pas réceptif : d’où vient cette idée ?

L’idée de réceptivité vient du monde de l’hypnose de spectacle. 

Un spectacle d’hypnose est écrit pour être spectaculaire. Il faut impressionner, faire rire, du rythme, de la lumière … etc. En gros il faut donner des ordres à des gens pour qu’ils fassent ce qui est écrit dans le spectacle. Les gens qui sont capables d’accepter rapidement, dans certaines conditions, des suggestions spectaculaire sont dit très suggestibles. Les autres sont moins, peu ou pas suggestibles rapidement et dans ces conditions. Pour évaluer cela, avant un spectacle, un hypnotiseur va sélectionner les participants à l’aide de tests de suggestibilité. Les plus suggestibles monteront sur scène. D’autres, moins suggestibles ressentiront quand même les effets à moindre mesure dans la salle, et d’autres ne ressentiront rien, mais se marreront bien en regardant les autres. 

La réceptivité* c’est ce qu’on appelle dans le jargon la suggestibilité.

Pour un spectacle, il faut donc des personnes très réceptives, très rapidement et dans les conditions du spectacle.


  • Je ne suis pas réceptif : pourquoi ça n’a pas de sens en accompagnement ?

En accompagnement nous avons une contrainte. Nous ne pouvons pas convoquer les clients du jour, leur faire passer des test de suggestibilité et ne choisir d’accompagner que ceux qui les passent avec succès. 

Nous avons aussi un avantage : nous n’avons pas à faire un spectacle. Pas de parcours imposé.

Nous sommes totalement libre de prendre tout le temps qu’il faut pour comprendre la personne, pour créer une relation de confiance, et pour que la personne comprenne ce qu’est l’hypnose et qu’elle sait déjà faire.

Ah oui, parce que figurez vous que l’hypnose, ce n’est pas faire la poule sur une scène. Ça c’est du spectacle et il y a des gens qui le font sans avoir à être sous hypnose. 

L’hypnose d’accompagnement c’est d’abord être absorber par quelque chose.

Vous voulez avoir une bonne idée de ce qu'on ressent  en hypnose d’accompagnement ? Alors rappelez vous de la dernière fois que vous avez vécu un moment hypnotique. Un moment où vous n’avez plus conscience du temps qui passe, du trajet parcouru, du regard des autres, d’une sensation … parce que vous étiez absorbé dans quelque chose. Voilà, vous y êtes, c’est un début d’hypnose. Ce n’est que ça ? OUI. Et ce début là ouvre sur tout un monde. 

La difficulté pour un hypnotiseur c’est de faire en sorte qu’une personne aille dans cet état en sa présence, à un moment donné, pour aborder la plus part du temps un sujet délicat. Là il peut y avoir des résistances. Rien à voir avec le fait d’être réceptif ou pas.


  • Je suis résistant.

Génial ! C’est souvent parce qu’il y a une résistance qu’il y a un travail qui peut se faire. Dans le travail de l’accompagnement, on ne va pas essayer d’aller contre la résistance, ce serait inutile et violent. Quand on veut passer de l’autre coté d’un mur on ne tape pas dedans pour le casser, on cherche une porte. Dans l’accompagnement, cette porte on la cherche avec la personne accompagnée et c’est elle qui l’ouvre quand elle est suffisamment en confiance et qu’elle sent qu’une partie de la solution se trouve derriere. Oui, c’est bien la personne accompagnée qui agit, qui décide, qui choisit. Ce n’est pas parce que, de l’extérieur, l’état d’hypnose peut parfois ressembler à du sommeil qu’il s’agit de quelque chose de passif. Au contraire, à l’intérieur, c’est extrêmement actif. Des aventures, des souvenirs, des émotions, des projections, des pensées, des sensations, des décisions, des révélations. On est bien loin de la passivité d’un récepteur.

 

  • Débrief de la vidéo.

Bon, elle est drôle cette vidéo, mais elle est intéressante aussi. 

Sur le test de suggestibilité (les doigts qui se rapprochent), on voit que Jonathan Cohen est bien focalisé sur les doigts tant qu’il y a un objectif sensoriel (sentir que les doigts se rapprochent). On voit qu’il y a quelque chose qui se passe pour lui (dans le regard, la voix, la respiration, la déglutition). Par contre, dès qu’il y a un ordre sans sensation associée, on perçoit une petite lumière qui s’allume dans ses yeux. Peut être la possibilité d’une connerie. Il y a un truc en lui en tout cas qui n’a pas envie d’accepter cet ordre. C’est exactement la même chose avec les mains qui se rapprochent. On sent qu’il se passe quelque chose, que ça pourrait aller facilement beaucoup plus loin. Puis tout est coupé par l’ordre et le mouvement un peu violent sur les mains jointes. C’est rare que des personnes acceptent des ordres directs, dans la vie comme dans l’hypnose. Dans la version plus longue, d’ailleurs, Jonathan Cohen explique bien ce qu’il a ressenti et comment le contexte et la méthode n’était pas adaptés pour qu’il aille plus loin.


Pour conclure,

la notion de réceptivité n’a pas de sens en hypnose en général. Le ressenti d’une expérience d’hypnose est directement en lien avec le contexte. Celui là sera adapté ou pas pour l’expérience. L’enjeu pour l’hypnotiseur est de rendre l’expérience qu’il propose suffisamment intéressante dans un certain contexte pour que la personne ait envie d’aller plus loin.



*Je pense que le terme « réceptivité » fait référence à la confusion dans les premier temps de l’hypnose du XVIIIeme siècle entre hypnose et magnétisme. On pensait que l’hypnose était basé sur la transmission d’un magnétisme animal, conduit par le métal. Il y avait donc l’idée d’un émetteur et d’un récepteur.

Ci dessous un dessin d'une séance d'hypnose - magnétisme animal de Mesmer au XVIIIeme siècle.


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