La sélection des buts.

Votre objectif doit avoir certaines caractéristiques indispensables. Il doit être Spécifique, Uniquement pour soi, formulé Positivement, Engageant et Écologique, Réaliste (je ferai un article entier sur ce point bientôt).

Ça c'est de la stratégie.

Mais ce qui va surtout jouer sur la volonté c'est de questionner vos valeurs. Votre objectif est il aligné sur vos valeurs ? sur lesquelles ? Est ce vrai dans tous les contextes?

Nos systèmes de valeur sont mouvants en fonction du contexte (par exemple, pour une même personne, dans un certain contextes la valeur autonomie va primer alors que dans un autre ce sera la valeur sécurité). Plus le lien entre un objectif et une valeur est renforcé, plus l’influence du contexte se réduit. L’imagination, l'hypnose ou l'auto-hypnose, sont de bons moyens pour renforcer, entraîner ce lien et en renforçant le lien vous renforcez la valeur (c'est cadeau). L’enjeu est que votre objectif soit clairement relié à une valeur forte et que ce lien perdure quelque soit le contexte. Une bonne occasion d'intériorisation ! 

La prise de décision et la plannification.

Un autre processus dans ce que l’on appelle volonté est la prise de décision et la plannification.

Il y a deux façon de prendre une décision:

•     L’une est associative, basée sur l’habitude, rapide, peu énergivore mais rigide. Elle est adaptée aux situations connues. Quand vous conduisez sur une route connue, vous pouvez discuter, et en même temps décider de passer une vitesse, d’accélérer, de tourner.
•     L’autre façon est basée sur la simulation. Elle nécessite une délibération, elle est plus lente et plus énergivore mais flexible. S’il y a une déviation sur la route et que vous devez modifier votre trajet par un certain nombre de décisions, vous mettrez temporairement en pause la conversation avec votre passager.

Il existe un système d’arbitrage inconscient qui nous permet de choisi d’utiliser l’une ou l’autre méthode de décision en fonction du contexte, en fonction de ce que ce contexte comporte de routine ou d’exception.

Dans certaines problématiques, ce système d’arbitrage dysfonctionne.

Certaines personnes utilisent un modèle délibéré dans des situations qui nécessite un modèle associatif, habituel. Souvent elles ont l’impression d’un trop grand contrôle, d’un manque de lâcher prise. Heureusement, on peut apprendre à lâcher prise.

D’autres, à l’inverse, utilisent un modèle habituel alors qu’il leur serait plus utile d’utiliser un modèle délibéré. C’est ce qui se passe pour la personne qui veut arrêter de grignoter mais qui se retrouve régulièrement avec un gateau dans la bouche sans vraiment s’être rendu compte d’être allé cherché un paquet, de l’avoir ouvert … Etc. Pour réajuster ce système d’arbitrage, un des objectifs et de remettre de la routine là où elle est nécessaire et de remettre de l’exception quand il en faut.

Quand la prise de décision est délibérée c'est la motivation qui va permettre de choisir une option plutôt qu’une autre.

La motivation

La motivation est souvent confondue avec la volonté mais n’en est pourtant qu’une facette. 

De manière très intuitive, la motivation c’est faire la balance entre les bénéfices futurs et les coûts. Trois éléments agissent sur la motivation:

• La saillance des coûts et des bénéfices. Quelle importance on donne à chacun de ces éléments. (peu de contrôle conscient pour ça, mais ça se travaille par l'hypnose, l'introspection et l'aménagement de notre environnement). 
• Les probabilités ressenties que l’évènement se réalise. On fait souvent appel à l’intuition pour ce calcul de probabilité, mais il se trouve qu’on est intuitivement plutôt mauvais avec les probabilité. C’est à dire qu’on a plutôt tendance à ressentir de manière plus forte que réellement les probabilités faibles (on surestime par exemple la probabilité du crash d’un avion) et moins forte que réellement les probabilités fortes (on sous-estime la probabilité de mourir des effets de la consommation du tabac). Il est souvent important de vérifier son intuition et de la confronter à des données réelles, mesurées.
• Enfin, la motivation dépend de la temporalité. Quand il y a deux options échelonnées dans le temps, (par exemple un petit plaisir bientôt contre un plus grand plaisir plustard), on se rend compte que les niveaux de motivations se modifient au fil du temps. Au début, la motivation pour le plaisir plus grand est plus importante. Ce rapport va finir par s’inverser au fur et à mesure qu’on se rapproche dans le temps du plaisir proche. C’est la période de tentation. Une fois que l’opportunité du plaisir proche est dépassée dans le temps, la motivation pour le plaisir lointain mais plus grand ne va cesser d’augmenter. Le souci est bien cette période de tentation et il y a deux possibilités pour éviter la sensation de subir la tentation (considérant que dans l’absolu une option n’est pas meilleure que l’autre) : Lacher prise ou renforcer son engagement. De nombreuse methodes existent pour l’une comme pour l’autre (une façon simple de s'engager est par exemple de faire part de son projet à un proche; il y en a d'autres).

Le passage à l’action et le contrôle. 

On entend assez bien de quoi il s’agit pour le passage à l’action. Pour le contrôle c’est simplement inhiber une action ou la réorienter. Le passage à l’action c’est ‘un instant’, comme quand on saute d’un plongeoir (et je ne résiste pas à vous mettre en lien le délicieux court métrage Ten Meter Tower). 

Que ce soit pour le passage à l’action ou le contrôle, les deux éléments clefs sont les émotions et le contrôle physiologique. Les outils que l’on utilise généralement sont donc ceux qui concernent les émotions (la façon de les gérer, de les transformer, de les convoquer), les prescriptions de tâches qui permettent une activation comportementale (je ferai peut être un article à ce sujet plus tard) et ceux qui concernent la respiration et la posture. On voit bien tout ça dans le court metrage en lien.

L'interprétation de notre action.

Il s’agit ici du niveau de responsabilité que l’on s’attribue. Quel niveau de responsabilité ressentons nous pour nos ressources, pour nos freins et pour notre action. Ce ressenti est il adapté? 

De nombreuses expériences (passionnantes et j'en parlerai plus tard) montrent comment ce sentiment de responsabilité est largement dépendant de l’environnement (groupe, histoire, culture). Nous sommes un élément qui paticipe à l'équilibre d'un système (famille, cercle amical, cercle social plus large ...). Ici se pose la question de l’influence du système sur la personne et de la possibilité pour la personne de réaliser sa volonté dans ce système (considérant ce que ce système crée comme frein mais aussi comme ressource).

Cet article donne une vision scientifique, psychologique de la volonté dans le but de sortir d'une image traditionnelle, transcendentale, d'une chose non maitrisable que l'on possède ou pas, avec tous le lot de culpabilisation que cela peut entraîner. Cette vision que j'ai présentée ici correspond à une certaine façon de voir le monde. Elle est utile pour un accompagnant, un thérapeute ou pour quelqu’un qui fait sa propre recherche intérieure. Elle est utile comme une carte l’est pour un voyageur. Mais la carte n’est pas le territoire, et ce qui primera toujours, ce à quoi doit s’attacher l’accompagnant, c’est la représentation que la personne se fait de sa volonté, dans son propre monde.

C’est là le point de vue de l’hypnose : savoir que la carte existe, la connaître, mais pouvoir lever les yeux pour considérer ce qui est le plus important : le paysage de l’autre avec toutes ses surprises.