Ce que j'écris ici n'est pas un exemple à suivre. Le seul but est de montrer qu'il n'y a que des expériences uniques et inattendues.

J’ai arrêté de fumer. 3 fois. 

Pendant 2 ans la première fois, 1 an la seconde, et cela fait maintenant 5 ans que je ne suis plus fumeur. 

Les deux premières fois, j’ai arrêté seul, sans aide extérieure humaine ou médicamenteuse. La troisième fois, j'étais en formation d'hypnose. Je n'ai jamais évoqué le sujet du tabac dans cette formation, mais un soir en rentrant chez moi en voiture, je me suis arrêté faire le plein et j'ai laissé mon paquet sur la pompe à essence, sur un coup de tête. C'était la fin. 

Je dois avoir une addiction relativement faible, et c’est une chance, je n’y suis pour rien. 

Ce qui est sûr c’est que chaque tentative a été un pas vers l’arrêt définitif. Chaque arrêt a aussi été une expérience, une occasion de se découvrir. J’aimais dire, en toute mauvaise fois « je suis heureux d’avoir commencé à fumer parce que j’ai pu vivre ce que ça fait d’arrêter ». La première fois, j’ai pu redécouvrir pendant quelques jours l’angoisse de la tombée de la nuit, comme les bébés ou les hommes préhistoriques. Puis c’est passé. J’ai eu une période de déprime, je ne sais plus si c’était la première ou la deuxième fois. Puis c’est passé aussi.

Tous les jours, j’allais voir les effets de l’arrêt du tabac au fil du temps : retour de l’odorat, du goût, meilleure respiration… Je l'ai fait les trois fois, bien que je ne sois pas sûr que je remarquais vraiment ces améliorations. Mais ça me faisait du bien.

La première fois, j’ai craqué en soirée. C’était reparti pour deux ans.

La seconde, à la mort de mon père. Une cigarette juste comme ça, pour se brûler les poumons. Elle a durée six ans.

Aujourd’hui, je ne suis plus fumeur. Mais je fais quelque chose de totalement interdit. Je clope de temps en temps. En moyenne ça doit faire deux par mois. Alors, attention, je n’ai pas fait ça dès le début. Pendant trois ans ça a été abstinence complète. Mais à un moment, j’ai senti que mon monde ne pouvait plus intégrer la cigarette au quotidien. Mon monde avait considérablement changé, sans que j’y fasse vraiment attention. 

Il y a quelque chose de complètement absurde, hors de mon monde, hors de mon identité, quand je fume une cigarette aujourd’hui. Quelque chose d’exceptionnel dans le premier sens du terme. Et je m’attelle à nourrir cette sensation à chaque fois. J'ai mes règles strictes, claires et inviolables, pour certaines inconscientes. Je me rend compte par exemple qu'il ne me vient par exemple absolument pas à l'idée de fumer dans un moment émotionnel fort. Ça ne m'effleure pas l'esprit.

Alors pourquoi je raconte ça ? 

Parce que je n’ai rien décidé de tout ce parcours qui m’a mené aujourd’hui à ne plus me considérer comme fumeur, à me sentir en sécurité dans le fait de ne pas fumer au quotidien. Je n’aurais pas pu le préparer.

Il y a mille façon d’arrêter. Je ne prône en aucun cas de fumer occasionnellement, au contraire. C’est un risque énorme de reprise dans lequel je suis tombé deux fois. Mais ce que je veux dire c’est qu’il n’y a aucune règle absolue, aucun a priori, aucun conseil à donner ou à recevoir. Il s'agit de retrouver une liberté et le premier espace de liberté, c'est la façon dont vous allez vous y prendre. Arrêter de fumer, c’est se lancer dans l’inconnu. C’est une aventure, vraiment. Petite ou grande, on ne sait pas. Mais quelle liberté!